brokeback moutain
brokerback moutain (12-01-2006)
Le western fait son coming out
François-Guillaume Lorrain « Brokeback Mountain », d'Annie Proulx (Grasset, 94 pages, 9 e).
L'homosexualité serait-elle tendance à Hollywood ? Ressort ultime du thriller d'Atom Egoyan, « La vérité nue », elle est aussi omniprésente dans « Appelez-moi Kubrick », portrait d'un imposteur en homo azimuté. Et voilà ce qu'il faut bien considérer comme le premier western gay, « Brokeback Mountain ». John Ford et Anthony Mann vont se retourner dans leur tombe. Bien sûr, « Le gaucher » d'Arthur Penn, avec Paul Newman, n'était pas exempt d'allusions. Mais, excepté les versions porno et l'ovni d'Andy Warhol - « Lonesome Cowboys » -, le western dans l'imaginaire américain est le genre le plus viril qui soit. A l'heure où l'on est encore prêt à lyncher des homos aux Etats-Unis et où Arnold Schwarzenegger a mis son veto à une loi sur leur mariage en Californie, voilà un film gonflé. Il est signé Ang Lee, qui, avant « Hulk » et « Tigre et Dragon », s'était fait connaître avec « Garçon d'honneur », comédie sur un gay donnant le change.
Là aussi, nos deux cow-boys jouent le jeu du mariage hétéro. Mais leurs pensées vagabondent vers ces collines du Wyoming où un jour de 1963 l'amour leur est tombé dessus. « Mon ami, on est dans un sacré pétrin, faut qu'on trouve une solution. » La solution, ce sera de piteux mensonges pour d'épisodiques retrouvailles et le constat qu'ils se manquent salement, coincés dans leurs vies, attrapés au lasso d'un Ouest américain aussi étroit que sont larges ses prairies : les années passent et il faut faire avec. Les amours contrariées sont les plus belles. D'où cette émotion qui grandit à mesure de cette histoire impossible : « Conventions, contraintes, rébellion : je suis passionné par ces thèmes depuis mon arrivée aux Etats-Unis », avoue le réalisateur américano-taïwanais, qui a longtemps attendu « Brokeback Mountain ». « J'avais lu en 2000 le scénario tiré de la nouvelle d'Annie Proulx. Mon producteur a demandé pendant trois ans le feu vert d'une major. En vain. Le film a été proposé à Gus Van Sant, puis mon producteur est revenu vers moi. Après "Hulk", je pouvais me lancer dans un film plus délicat. »
Les films les plus classiques sont parfois les plus transgressifs. C'est en ramenant un sujet décalé vers une histoire d'amour classique et un genre conventionnel que « Brokeback Mountain » marque les esprits. Autre réussite : la sobre performance des deux acteurs, Jake Gyllenhaal et Heath Ledger. Entre le sentimental et le viril, l'équilibre est trouvé. Que deux des comédiens les plus prometteurs de Hollywood - Gyllenhaal est un fantastique marine dans « Jarhead » de Sam Mendes (en salles) et Ledger tenait la dragée haute à Matt Damon dans « Les frères Grimm » - aient accepté ce projet montre aussi peut-être que les temps ont changé. Audace payante : « Brokeback Mountain », qui a reçu le lion d'or à Venise, est annoncé comme un des grands favoris des oscars
Les deux cow-boys de « Brokeback Mountain » sont dans le pétrin : ils sont gays. L'audace d'Ang Lee est payante. Son film, lion d'or à Venise et un succès aux Etats-Unis, part favori pour les oscars.
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