espagne
ESPAGNE - L'Eglise se rebiffe
Les rapports entre le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero et l'Eglise catholique se dégradent au fur et à mesure des réformes. Cinq mois après la marche contre le mariage homosexuel, une grande manifestation contre la réforme de l'éducation a eu lieu samedi 12 novembre. Pour la presse espagnole, le financement de l'Eglise par l'Etat constitue l'une des clés du problème.
Manifestation à Madrid, 12 novembre 2005 - AFP
"Nous sommes arrivés à un point où les aides de l'Etat à l'Eglise, qui augmentent chaque année, doivent diminuer." Par cette annonce, "María Teresa Fernández de la Vega, vice-Premier ministre espagnole, riposte au soulèvement de l'Eglise catholique contre le projet de réforme de l'éducation", rapporte El País. La loi prévoit de supprimer l'enseignement obligatoire de la religion et de contrôler davantage les admissions dans les écoles privées, ce à quoi l'Eglise et la droite s'opposent, comme ils l'ont fait savoir en organisant une grande manifestation samedi 12 novembre. Entre 500 000 et 2 millions de personnes auraient participé à ce rassemblement à Madrid. La vice-Premier ministre a rappelé de façon opportune que l'Etat subventionne de diverses manières l'Eglise catholique, alors que, selon l'accord entre l'Eglise et l'Etat de 1979, l'Eglise devrait s'autofinancer. Néanmoins, la loi prévoyait aussi que "l'Etat continuerait à aider l'Eglise si elle continue à connaître des difficultés", relate le quotidien madrilène. ABC, le grand journal conservateur, dénonce "le chemin emprunté par la vice-Premier ministre pour évoquer les relations entre l'exécutif socialiste et l'Eglise". Le quotidien rappelle que María Teresa Fernández de la Vega s'est rendu la semaine dernière au Vatican, deux jours avant la grande manifestation. Ce qui s'est dit entre la ministre et le cardinal Angelo Sodano est resté secret, ouvrant la porte à tout type de spéculation. "La réaction de la ministre donne l'impression que ses entretiens au Vatican n'ont pas été satisfaisants. Les messages qu'elle envoie sont inquiétants. Parler maintenant du financement de l'Eglise en termes si explicites peut se comprendre comme des représailles conjoncturelles", estime le quotidien dans un éditorial.
"Quelques heures après, les déclarations du vice-Premier ministre ont été nuancées, presque rectifiées par le secrétaire d'Etat à la communication. Ces déclarations contradictoires prouvent la faiblesse du gouvernement", assure ABC. Pour le journal, "le gouvernement ne devrait pas jouer sur l'anticléricalisme, ni décharger sa mauvaise humeur sur les évêques, et encore moins sur les catholiques espagnols. Il devrait plutôt écouter la clameur sociale et éviter des réactions qui créé de nouveaux problèmes sans apporter de solutions à ceux qui existent déjà." El País estime que l'Eglise a toujours eu un pouvoir important dans l'histoire de l'Espagne, faisant référence à l'Inquisition et à la guerre civile. Aujourd'hui, "l'Eglise, en sainte alliance avec le Parti populaire ou vice versa, a entamé un bras de fer avec le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero, et se manifeste sur les ondes hertziennes, dans la rue et sur différents sujets, l'enseignement, le financement", remarque le journal. Le quotidien catalan La Vanguardia rappelle pour sa part que "depuis la naissance de la démocratie, la question du maintien économique de l'Eglise catholique a été marquée par une série interminable de mesures provisoires pour arriver à une formule définitive qui satisferait chacune des parties". Selon le journal, l'Etat financerait l'Eglise à hauteur de 144 millions d'euros par an. "En plus de ce financement, l'Eglise profite d'exemptions d'impôts dont ne bénéficient pas les autres confessions." La Commission européenne a d'ailleurs attiré l'attention du gouvernement sur ce traitement fiscal particulier, discriminatoire envers les autres associations. La Vanguardia revient sur plusieurs plans envisagés dans les vingt dernières années pour modifier le financement de l'Eglise, mais que "la solution stable et définitive de ce problème antique reste encore à trouver".
0 Comments:
Post a Comment
<< Home