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e roi du Maroc Mohammed VI vient d'être — symboliquement — détrôné. Interrogées par l'hebdomadaire Al-Jarida Al-Oukhra, cent personnalités ont désigné le président de l'Instance équité et réconciliation (IER), Driss Benzekri, comme "l'homme de l'année 2005" au Maroc.
Le choix n'est pas injustifié : ancien militant d'extrême gauche, incarcéré pendant dix-sept ans sous le règne de Hassan II, père de Mohammed VI, M. Benzekri est le président de l'organisme mis en place en 2003 pour faire la lumière sur les violations des droits de l'homme au cours des "années de plomb" du précédent règne. Un rapport en est sorti, qui a été remis au roi en novembre. L'épais document n'a pas été encore été rendu public mais la fin de l'impunité pour les auteurs d'exactions et des excuses publiques de l'Etat figurent parmi les recommandations des auteurs du rapport.
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C'est ce travail que le sacre de M. Benzekri vient récompenser. Sauf que, dans une monarchie de droit divin comme le Maroc, ne pas faire du roi "l'homme de l'année" a quelque chose de proprement scandaleux.
Mohammed VI n'arrive en effet qu'en deuxième position, et le Palais royal a du mal à l'accepter. "Le roi du Maroc est le garant des institutions et des libertés dans le pays et, par conséquent, il ne peut être en concurrence avec quiconque", a déclaré André Azoulay, l'un des conseillers de Mohammed VI. "Oublier cette donnée (...) constitue une négation du moindre bon sens politique", a-t-il ajouté.
D'autres dirigeants ont réagi plus vigoureusement. Le ministre en charge des relations avec le Parlement, Saad Al-Alami, s'en est pris aux sondages. "Il y a au Maroc un besoin urgent d'une loi qui organise les sondages", a estimé le ministre. Et d'ajouter : "Le roi du Maroc ne devait nullement être impliqué dans la concurrence pour le titre d'homme de l'année." Ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdallah a été encore plus clair : "Ce présumé sondage est une véritable méprise", a confié cet ancien communiste à l'Agence de presse marocaine. Il a "visiblement comme objectif la mauvaise foi et la volonté de nuire", a-t-il ajouté.
Tempête dans un verre d'eau ? Cette campagne montre "le conservatisme et le degré d'enfermement de la classe politique", a commenté le directeur de l'hebdomadaire par lequel le scandale est arrivé.
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